L’environnement culturel
ÇA bouge!
J’ai toujours trouvé les cultures francophone et acadienne vivantes. Notamment, grâce à la diversité de la communauté. J’aime faire de nouvelles découvertes et apprendre des expériences des autres. Que ce soit par des rencontres individuelles, la musique, la peinture, le dessin, l’écriture ou encore par la vidéo. Pour moi, garder une ouverture d’esprit est la meilleure façon d’élargir ma vision des réalités des autres communautés, mais surtout de grandir et d’évoluer tant dans ma vie personnelle que dans ma vie professionnelle.
Vers un rééquilibrage
de la culture?
La consommation de la culture a certainement évolué au cours de la dernière décennie. Selon Caroline Savoie, auteure-compositrice-interprète acadienne, des changements importants ont fait en sorte que l’industrie musicale a frappé un mur. « Il y a de moins en moins de gens dans les salles, beaucoup moins d’albums vendus, des sites streaming qui ne paient pas adéquatement les artistes » dit-elle.
« Il y a de moins en moins de gens dans les salles, beaucoup moins d’albums vendus, des sites streaming qui ne paient pas adéquatement les artistes. »
Louis Paquin, producteur aux Productions Rivard, au Manitoba, ajoute que la francophonie canadienne hors Québec est très productive, mais que la plupart des œuvres et des artistes n’arrivent pas à dépasser la frontière de leur province, et encore moins à réussir sur le territoire québécois et dans le marché international. Il est persuadé que percer le marché des francophones et de l’immersion au Canada pourrait avoir un impact important sur notre identité.
Et que dire de la rémunération des artistes? Je pense à Pierre Lapointe et à son coup de gueule contre le modèle d’affaires de Spotify, lors du gala de l’ADISQ en octobre 2019. En lisant un article sur le sujet sur le site Web de Radio-Canada, j’ai appris qu’au Canada, pour un million d’écoutes, environ 5 000 $ sont versés à tous les ayants droit, au distributeur, à la maison de disque, etc. Les droits d’auteur ne rapportent à eux seuls qu’entre 500 $ et 700 $ par million d’écoutes. Frappant, n’est-ce pas? Ce n’est pas pour rien que l’auteur-compositeur-interprète québécois a profité de l’occasion pour réclamer que les gouvernements agissent pour protéger les artistes et favoriser une meilleure rémunération.
Mélanie Joly
Ministre du Développement économique et des Langues officielles
Soyons fiers d’être francophone!
Oui, malgré tout, des avancées positives en culture, il y en a. Il faut le souligner! Caroline Savoie abonde dans le même sens. « Il y a de plus en plus de musique francophone d’excellente qualité partout au pays. Je découvre constamment de nouveaux artistes francophones et je sens une vivacité et une volonté de toujours s’inventer par la musique et surtout, je sens qu’ils ont une fierté de chanter en français. Et ça, ça m’inspire. »
Le rappeur fransaskois Shawn Jobin est un bon exemple. Il travaille très fort pour conquérir les territoires québécois et ontarien. Il a pu être présent, entre autres, au Centre national des arts, à Ottawa, en octobre 2019, et au Petit Champlain, à Québec, en novembre 2019. Une belle façon, selon lui, d’ouvrir les portes dans le futur pour le rap francophone.
À Moncton, grâce à Mathieu Hébert, le milieu des arts visuels peut maintenant compter sur The Acorn Studio, une nouvelle galerie d’art qui s’ajoute à quelques établissements existants. Elle propose d’exposer des œuvres d’artistes de différentes régions des provinces maritimes. D’ailleurs, à peine Mathieu Hébert avait-il annoncé l’ouverture de sa galerie que des créateurs de partout au Nouveau-Brunswick l’ont contacté pour exposer leurs œuvres chez lui.
Et que dire du milieu de l’humour, qui a gagné en popularité dans les dernières années?
Je suis convaincue de l’apport du web et des nombreuses soirées d’humour qui ont vu le jour. La tournée d’humour et les formations en humour que les Rendez-vous de la Francophonie organisent dans quelques provinces sont de bons exemples. En Ontario, le Concours LOL – Mort de rire! est devenu très populaire et permet de faire monter des jeunes humoristes franco-ontariens sur la scène du grand Festival Juste pour rire de Montréal. Et parmi ceux qui ont réussi dans ce domaine chez les Franco-Ontariens, il y a Katherine Levac que vous connaissez. Native de l’Est ontarien, elle est devenue, par son charme et son talent, la chouchou du Québec et de l’Ontario.
Tant de talents à découvrir
L’une des meilleures façons de découvrir le Canada francophone est, selon moi, d’assister à des festivals et des événements célébrant la francophonie. Dans les Maritimes, j’ai en tête le Congrès mondial acadien, qui rassemble des Acadiens et des citoyens de partout dans le monde. Au Québec, je pense, entre autres, au festival Osheaga, à Montréal. Il s’agit du plus gros festival de musique et d’arts du Canada. Ou encore, le Franco Festival, un événement musical et multiculturel en Alberta.
D’ailleurs, en tant que personne sourde qui entend avec un implant cochléaire, je profite de cette tribune pour féliciter les organisateurs de festivals et d’événements dans des lieux publics qui font des efforts pour rendre la culture plus accessible aux personnes ayant des problèmes d’audition, que ce soit en mettant à leur disposition des aides à l’audition ou encore en leur offrant des interprètes sur place.
Enfin, ouvrez votre esprit à la diversité culturelle! C’est, selon moi, la meilleure façon d’avancer, mais surtout de prendre conscience de l’importance de travailler ensemble pour revoir la réglementation afin de mettre de l’avant une culture qui sait s’adapter.