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Anu Boucher et Bernard Voyer

Un duo formidable !

Bernard Voyer et Anu Boucher
Bernard Voyer et Anu Boucher

Pour nous parler d’environnement et de changement, difficile de trouver meilleurs porte-paroles qu’un explorateur et qu’une jeune Inuk! L’équipe des RVF a été charmée par leur désir de nous en apprendre davantage sur la beauté et la fragilité de notre monde, que ce soit en français, en anglais ou en inuktitut. C’est un plaisir de vous les présenter ici. Bonne lecture! 

bernard voyer

Bernard Voyer
Je suis Bernard Voyer, explorateur, alpiniste et conférencier. Depuis tout petit, des rives du Saint-Laurent au Québec, je scrute l’horizon. Tout comme ma curiosité grandissait, mon goût d’explorer s’affirmait. J’ai donc voué ma vie à l’aventure, parce que je voulais voir plus loin, trouver mon chemin. Dès mes premières expéditions, j’ai découvert que l’hiver et moi, nous avions développé une belle complicité. Je voulais en apprendre plus. À mon actif, j’ai plus de 30 années d’expéditions et d’aventures, dont le pôle Nord en 1994, l’atteinte en totale autonomie du pôle Sud en 1996 et en 1999, et le sommet de l’Everest en 1997 et en 1999! Ma passion, je la partage aujourd’hui de différentes façons. Avec des étudiants dans leurs écoles, à raconter le sentier que j’ai choisi d’emprunter tout en écoutant le leur. Je prononce aussi des conférences dans différents événements d’entreprises, pour faire le lien entre le monde de l’aventure et celui des affaires. J’espère vous donner envie, vous aussi, de remplir votre sac à dos pour partir explorer cet environnement, en français comme dans toutes les langues et les cultures qui nous distinguent.

Questions pour bernard

Vous êtes un explorateur reconnu qui a vécu toutes sortes d’aventures. Quelle exploration vous a le plus marqué, et pourquoi?

Bernard : La plus difficile, la plus exigeante fut l’atteinte du pôle Sud à ski. Toutefois, les plus symboliques furent, sans contredit la réussite des 3 pôles, soit les pôles Nord et Sud géographiques, ainsi que le pôle de l’altitude : le sommet de l’Everest.

Vous dites souvent que la planification est extrêmement importante avant une expédition. Racontez-nous un moment où une préparation insuffisante a eu des répercussions sur le bon fonctionnement d’une expédition.

Bernard : Lors de l’ascension de la plus haute montagne canadienne, le mont Logan, au Yukon, nous avions à traverser une immense crevasse sur un pont de neige. Encordé à mes équipiers, je passe le premier. Quand je tire vers moi le traîneau bourré de matériel, il glisse et demeure suspendu verticalement dans la crevasse. Nous étions certains que tout était fixé solidement au traîneau… mais non, tout l’équipement a glissé hors du traîneau et s’est engouffré dans les profondeurs du glacier. Nous avons dû rebrousser chemin et abandonner l’expédition avec le peu d’équipement qu’il nous restait.

« Mes mains ne seront jamais assez grandes pour arrêter le vent. Je porte un respect énorme à l’environnement, c’est la nature qui décide. Je ne suis que poussière dans cet univers. »

Bernard Voyer

Vous avez probablement dû manger toutes sortes de mets originaux et différents au cours de vos voyages. Quel a été le plat le plus insolite que vous ayez goûté, et où cela s’est-il passé?

Bernard : Je dois avouer que je suis assez dédaigneux et que je cherche à éviter toute situation inconfortable. En Équateur, j’ai dû m’efforcer de goûter du cochon d’Inde… en fait, j’ignore si c’était un gros écureuil ou autre rongeur…

Nous comprenons que vous aimez vivre l’aventure au sens propre du mot. Qu’est-ce qu’un explorateur, alpiniste, conférencier comme vous peut bien faire de ses temps libres?

Bernard : Comme la plupart des gens, me balader en nature, écouter de la belle musique, surtout classique, lire, mais surtout vivre des moments chaleureux avec des ami(e)s, sans oublier de partager mes bonheurs quotidiens avec la femme que j’aime, Nathalie.

Vous qui avez vu le Grand Nord changer et les masses de glace disparaître dans les dernières années, quel serait votre souhait pour le futur?

Bernard : Que la prise de conscience devienne si forte que toutes les actions entreprises découlent du bon sens. Je crois qu’ensemble nous pouvons y arriver. Nous avons la conscience de l’urgence et la connaissance des solutions… Qu’attendons-nous?

ANU BOUCHER

Je m’appelle Annette Anulik Boucher, mais je préfère qu’on m’appelle Anu, qui est une forme abrégée de mon nom inuktitut. Je suis née et j’ai grandi à Rankin Inlet (Kangiqliniq), au Nunavut. C’est une petite communauté de la région de Kivalliq, située sur la rive ouest de la baie d’Hudson. Ma mère, Leonie, est Inuk de Rankin Inlet. Mon père, Yves, est Québécois de Rimouski. Ma passion pour la nature m’a menée à étudier dans le programme de technologie environnementale du Nunavut Arctic College. J’ai pu étudier la faune et la biologie marine, la gestion de la faune et des pêches, et j’ai pu participer à des camps sur le terrain. Cette passion doit probablement provenir de mes origines. Les Inuits ont survécu dans l’un des climats les plus rudes grâce à la chasse et à leur compréhension de leur environnement.
J’espère, comme porte-parole des RVF 2020, pouvoir partager avec vous nos valeurs, nos traditions et nos coutumes tout en me rapprochant de la culture francophone.

Questions pour Anu

Vous êtes née d’un père québécois et d’une mère inuk. Comment la culture et les valeurs traditionnelles vous ont-elles été transmises dans votre jeunesse?

ANU : Comme j’ai grandi au Nunavut, j’ai baigné dans la culture inuite. Ma famille se réunissait souvent autour de mets traditionnels. Mon plat favori est la viande de caribou, que l’on mange soit cuite, soit crue et congelée. J’ai porté des vêtements d’extérieur confectionnés par des membres de ma famille. À l’école primaire, j’ai appris la couture, les danses du tambour traditionnelles, la mythologie inuite et des jeux inuits. Ça n’a pas été aussi facile pour mon père de nous transmettre la culture française à ma sœur Heather et à moi. Je pense que, pour lui, la meilleure façon de le faire était par la nourriture. Nous adorions nous lever la fin de semaine en sachant que nous allions faire des crêpes. Parfois, nous trouvions des moyens de combiner les deux mondes, par exemple en ajoutant de la viande de caribou dans la sauce à spaghetti ou la poutine. Enfant, j’ai parlé français un certain temps, mais mon père était la seule personne avec qui je pouvais le parler. J’ai arrêté de parler français quand je me suis rendu compte que personne d’autre ne me comprenait. C’était avant même mon entrée à l’école primaire.

Vous dites que vous aimez éduquer la population au sujet des Inuits. Quel enseignement de votre culture aimez-vous le plus transmettre?

ANU : Je crois que les Inuits sont très accueillants. Même si nous vivons dans le grand froid, nous sommes des gens très chaleureux. Nous sommes un peuple très généreux et nous prenons soin les uns des autres. Quand un membre d’une communauté abat son premier animal, il partage la viande avec les aînés ou sa famille.

« Mon identité culturelle d’Inuk repose sur le froid, la neige et la glace. Quand il est question de changements climatiques, les gens pensent souvent aux ours polaires et ne pensent pas aux Inuits. Nous sommes une petite population, et notre culture, comme l’ours polaire, est menacée par les changements climatiques. »

Anu Boucher

Au Nunavut, la chasse est plus qu’une nécessité; c’est le mode de vie ancestral. Dites-nous pourquoi et parlez-nous de votre mets traditionnel favori.

ANU : Le mets traditionnel que je préfère est probablement le caribou, qu’on appelle « tuktu » en inuktitut. Je l’aime parce qu’on peut en déguster la viande apprêtée de plein de façons : bouillie, séchée, rôtie, grillée ou congelée. Ce que je préfère, c’est de la manger congelée, avec du sel ou de la sauce soya. Le tuktu est aussi l’animal que je préfère chasser. J’aime regarder le troupeau de Qamanirjuaq passer aux abords de ma ville natale de Rankin Inlet. Nous laissons toujours passer le premier troupeau, car nous voulons éviter de perturber la voie de migration naturelle.

Vous adorez l’hiver et ses activités de plein air, mais vous vivez maintenant à Ottawa, où le climat et le milieu sont différents. Quels sont vos loisirs?

ANU : J’aime beaucoup regarder Shea, mon neveu le plus vieux, jouer au hockey. Il rêve de jouer dans la LNH un jour et je suis certaine qu’il a ce qu’il faut pour y arriver. Dernièrement, j’ai fait beaucoup de lecture pour me tenir au fait des nouvelles du Nord. J’aimerais passer plus de temps à l’extérieur, mais la nature n’est pas aussi accessible ici qu’à la maison. J’espère bien trouver des moyens de l’explorer.

On peut dire que votre environnement change à tous les points de vue. Comment vivez-vous ces changements qui touchent aussi bien le climat que la société et la culture? Que souhaitez-vous aux générations à venir?

ANU : Étant donné que les changements climatiques comprennent des enjeux que je ne peux régler moi-même, je crois que le mieux que je puisse faire est de continuer d’éduquer les gens et de militer pour l’environnement. La population du Nord est toute petite, alors nous avons besoin de tous les alliés que nous puissions trouver pour prévenir les changements climatiques. Sur les plans social et culturel, les changements ne sont pas tellement plus simples. En 100 ans, les Inuits sont passé d’un mode de vie nomade où il y avait des igloos et des traîneaux à chiens, à des communautés où ils vivent dans des maisons avec des téléphones cellulaires. Nous avons dû nous adapter très rapidement. Face aux changements sociaux et culturels, je fais de mon mieux pour garder ma culture vivante en transmettant mes apprentissages au plus grand nombre d’Inuits possible. Enfin, je souhaite aux générations futures d’être fières d’elles et de leurs origines, ainsi que de perpétuer les traditions qui ont permis à nos ancêtres de demeurer en vie.

Un brin de jasette...

Ces jumelles ont été utilisées par mon père, qui m’en a fait cadeau. Enfin, je pouvais m’approcher de l’horizon.

Mes projets devenaient soudainement a portée de main.

Ce piolet m’a accompagné sur le Toit du monde.

C’est bien plus qu’un objet, qu’un symbole. Plus le défi est grand, plus il est précieux.

Comme le montre la photo, il ne faut jamais remplir son sac à dos à ras bord. Au sommet, il faut pouvoir y ajouter un gros morceau de bonheur et tout autant de fierté.

Source de vie, essentielle et vitale, l’eau est une ressource au cœur de tous les défis.

Nom : jappa

Je l’ai confectionné moi-même! Il a un capuchon du même genre qu’un amauti.

Nom : kamik

Empruntées au Nunavut Sivuniksavut, ces bottes sont en peau de phoque.